Éditorial
La Balsamine est un lieu d'amour et de renaissance perpétuelle. Elle fut investie et réinventée, en permanence, dans sa brutalité. Sombre caserne qui abrita en son temps le corps de cavalerie et servit aux allemands durant l'occupation, elle connut entre la première et la seconde guerre mondiale deux autres transformations passant de la fonction d'écurie à celle d'auditoire de cours. Puis, un jour, une femme entra dans cette friche improbable et, récupérant des toits leurs saignements d'eau, scella ad vitam aeternam un lien physique qui deviendra méta.
Notre direction artistique s'inscrit pleinement dans cette historicité particulière, dans cet art de la transformation, principe même de la vie. À ceux qui ont porté et soutenu cette gageure, la mutation d'une «jachère» en institution, nous rendons hommage.
Les ères de changement témoignent davantage de la recherche d'un fondement existentiel que d'une fuite dans l'irrationalité. Entre immanence et transcendance, nous tâtons le terrain de jeu, dans une intimité avec la réflexion. Ce passage qui est le nôtre sera bien éphémère, voilà pourquoi notre démarche s'attache plus à devenir qu'à devoir être.
- Le festival Genèse, festival d'ouverture est une première rencontre, afin que vous puissiez ressentir l'état d'esprit dans lequel nous nous tenons. Un moment festif, un premier partage, un focus en sept spectacles durant une semaine, car le monde ne se fait pas en un jour.
- Les «bla-bla balsa», les slowdatings, les after-shows, le fanzine «Balsa en perspective», sont quelques pistes que nous vous proposerons d'emprunter afin de vous impliquer plus avant dans la vie de votre théâtre
Concrètement, plusieurs événements sous forme de performances seront disséminés à des endroits stratégiques de la ville; ces rendez-vous décalés sont une manière immédiate de dialoguer avec vous et de tisser un lien avec l'environnement urbain. Ce principe de scène nomade, nous l'appliquerons aussi au sein même des murs de la Balsa puisque l'espace y sera réaménagé: un hors-scène s'installera dans le hall du théâtre, l'ancienne buanderie deviendra galerie d'art et un bureau abritera des portraits chinois de nos artistes européens
Formellement, nous sommes en place, prêts à franchir le pas avec toute notre bonne foi, caractéristique mystique de nos candeurs insatiables. Nous sommes comblés car soutenus par une équipe dont l'enthousiasme s'avère contaminant: Fanny Arvieu, Valérie Procès, Martine Wijckaert, Chloé Meurisse, Sémie Osmanovska, Murat Guner; nouvellement rejoints par Laurent Henry administrateur aux multiples talents), Marie-Sophie Zayas(chargée des relations avec les écoles et les associations), Jef Philips (directeur technique); Hichem Dahes (photographe) et Speculoos-OSP-Stdin / (designers-graphiques).
Aussi, à votre tour, joignez-vous à nous pour cette insurrection joyeuse, ce soulèvement permanent dans ce processus qui ne mène à aucune finitude. Pour une naissance paradoxale, une naissance involutive, sans début et sans fin.
Utopions ensemble, ralliement d'autant plus simple qu'il ne demande qu'aux lendemains de chanter!
Fabien Dehasseler et Monica Gomes
Co-directeurs artistiques