Lonely Village
Martine Wijckaert
en parallèle à la création “ Melanie Daniels”, de Claude Schmitz, dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts
- Dates
- du 14 au 18 mai 2013 dès 19h
- Vernissage
- le 14 mai à 19h
Le hasard conduisant souvent mes pas, c’est de manière tout à fait fortuite que mon travail mené pour l’heure en regard de la scène théâtrale s’est ouvert sur un autre type d’approche, cette fois strictement plastique. Tel est le projet Lonely village, né du hasard et développé à l’impromptu.
Lonely village est l’expression détournée d’une solitude. Et le fruit de ce hasard si souvent bienveillant à mon égard.
De fait, en séjour dans un village aimé, Montaut dans le Lot et Garonne, Valérie Jung, ma scénographe, m’a confié son petit Lumix afin que je profite de ma randonnée quotidienne pour photographier au passage une ruine qui l’intéressait. Je n’ai jamais déniché la ruine en question mais j’ai gardé le Lumix avec lequel j’ai tenté à l’abri des importuns mes premières captures photographiques, y ayant toujours préféré jusqu’alors le dessin à la plume.
La capture s’est insidieusement mue en vice et mes yeux solitaires ont multiplié les rendez-vous avec quelque chose qui n’était ni beauté, ni laideur, ni recherche de point de vue mais silence collé à mes semelles arpenteuses.
Accroupie ou immobile bien plus qu’à l’ordinaire, telle fut ma posture, progressivement environnée d’ectoplasmes divers, non pas réalité mais réalités multiples et travesties, venues s’exhiber puis disparaître.
Plus tard, ayant quitté les lieux, j’ai examiné les clichés pour m’apercevoir qu’ils naviguaient tous dans un univers tantôt minéral - manufacturé ou non -, tantôt végétal, tantôt animal, à une exception près, la capture accidentelle de deux enfants courant dans la ruelle centrale du village.
La tentation de composition d’une sorte de fresque rassemblant en dallage les différents éléments à la manière d’un puzzle qui recomposerait sa propre réalité m’est venue.
Avec les moyens du bord, ne disposant que d’un simple programme Word, j’ai entrepris de plier celui-ci à l’alphabet des images en lieu et place des lettres pour écrire une longue phrase qui s’est assez vite appelée Lonely village.
Cette longue phrase est constituée de cinq « tableaux ». Chaque tableau propose 80 «compositions » en paysage. Chacune d’elles est faite de plusieurs images amalgamées et retravaillées.
Chaque tableau inclut au sein de son déroulement l’image récurrente et démultipliée des enfants qui courent, à la manière d’un voyage labyrinthique sans fin.
D’un tableau à l’autre, des motifs ou fragments de motifs repérables ressurgissent, déviant d’eux-mêmes selon un trajet sans cesse renouvelé. Cependant qu’ils continuent d’explorer la texture des sols, des cieux, des pierres, des végétaux et des animaux pour composer une géographie singulière, à la fois familière et indécelable.
La finalisation de présentation de Lonely village répond au souci d’en assurer à la fois une vision mosaïque globale et une plongée dans le détail. L’opportunité d’un regard «double» et dont la navigation soit libre me paraissait essentielle. Par ailleurs, la notion de «traversée par la lumière» me semblait également opportune eu égard la notion de traces restantes d’une réalité recomposée.
Les cinq tableaux sont en fait comme cinq vitraux.
Je remercie tout particulièrement Pierre Huyghebaert et Sophie Boiron de Speculoos pour l’ingéniosité qu’ils ont déployée à mes côtés dans la finalisation d’un projet délibérément conçu «fait main» d’un bout à l’autre. Je remercie aussi Fabien et Monica d’avoir rendu possible l’ouverture de mon artisanat à d’autres champs.