Inventaire en autoportrait


"Le hasard et les circonstances de la vie quotidienne m’ont conduite vers ce nouveau travail photographique.


A l’instar de mon travail d’écriture, où c’est systématiquement l’examen de la dernière trace qui me fait rebondir sur une fausse suite, Inventaire en autoportrait s’inscrit dans du vécu en direct créant l’opportunité de poursuivre une démarche tout en l’affinant à l’envie.


En effet, confrontée au vidage avant mise en vente de la maison familiale, j’ai vu transiter entre mes mains une masse d’objets et d’ « accumulations » de toutes sortes d’une vie qui ne fut pas la mienne mais celle de mes parents et le dépôt transitoire de ces objets, avant leur liquidation ou leur répartition, en un lieu totalement étranger à eux, soit un atelier, m’est alors apparu comme l’instant d’une « disparition en train de se faire ».


Et que c’était donc cette abolition, sinon la sensation que j’avais de cette abolition que je m’étais mise à photographier dans le cadre unique et parfaitement étranger de cet atelier au sein duquel les fluctuations de la lumière naturelle selon les heures de prise de vue orchestraient seules et spontanément un point de vue mouvant.


Une fois la dizaine de jours de prises de vue terminée et durant laquelle je n’ai fait que tourner autour des choses sans jamais en changer la disposition première, des sortes de « séries » sont apparues, avec leurs récurrences et leurs variables.


Ces récurrences et ces variables ont guidé la seconde partie de mon travail consistant en l’orchestration des éléments selon une suite de 45 « tableaux photographiques », intitulés Inventaire en autoportrait et où c’est le regard porté sur la disparition qui est mis en scène.


Chacun des clichés obtenus à la prise de vue a été incorporé dans son état brut au sein de la composition, sans aucun retraitement. Il est question ici de laisser agir entre eux des plans photographiques de telle sorte qu’ils révèlent l’interstice qui les sépare."


Inventaire en autoportrait distille en quelque sorte l’invisibilité de la perte.

                                                                                                                         Martine Wijckaert


©Martine Wijckaert


        Du 24 Janvier au 15 Février 2014 dès 19h dans le foyer