Stéphane Arcas

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Stéphane Arcas est né en 1970. Il vit et travaille à Bruxelles.

Après avoir amorcé des études économiques et politiques, en 1990, il choisit d’entrer aux Beaux-Arts de Toulouse où il fonde avec Manuel Pomar et Nicolas Gout le collectif « À La Plage » et commence à exposer. En 1993, il s’installe à Marseille où il obtient le diplôme des Beaux-Arts. Il crée la galerie RLBQ. Ses travaux sont exposés dans divers lieux alternatifs (Tohu-Bohu, SMP…) mais aussi dans des galeries institutionnelles (Galerie Athanor, Galerie Corentin Hammel).

Parallèlement à ce travail plastique, ces vidéos font le tour des festivals et en 1999, Life is like a videotape est projetée dans le pavillon italien pendant la biennale de Venise. S’enchaîne ensuite une série d’expositions en Europe (Villa Macerata en Italie, Beaux-Arts de Varsovie, Musée d’art Contemporain de Kaunas (Lituanie).

En 2000, il participe au projet Taxi Théâtre du théâtre 27 et se met en scène dans Les Étranglés. Il est ensuite sélectionné pour créer une installation à l’occasion de Porto 2001, capitale européenne de la Culture. Il quitte la galerie RLBQ pour intégrer l’équipe des Ateliers Tohu-Bohu aux cotés de Guillaume Pinard et Denis Prunier.

Il est ensuite amené à participer parallèlement à son travail plastique à divers projets théâtraux. D’abord, vidéaste et créateur de film d’animation (Blanche Neige de Laurence Janner), scénographe, comédien (Le Jardin des délices de François Michel Pesenti et Tout doit disparaître de Laurent de Richemond), assistant à la mise en scène (Comment Wang Fo fut sauvé) puis en tant que metteur en scène. Il adapte la Ferme des Animaux d'Orwell pour le jeune public. Il met en scène Billy the Kid, texte qu’il co-signe avec le poète Arnaud Calleja. Il s’installe ensuite à Bruxelles où il met en espace une performance Do Ubble (adaptation du Double de Dostoeivski). Il écrit ensuite et met en scène les textes Bleu- bleu (Tilly Tilly, La Bellone), Antistax, Le Désert (Pianofabriek) et La Forêt (Montevideo/ Marseille, Le salon de théâtre/ Tourcoing, Bains connectives/ Bruxelles) qu’il a créé au Théâtre de la Balsamine. En Octobre 2010 il présente la performance Pas Là interprétée par Fabrice Césario, Nicolas Luçon et Claude Schmitz dans le cadre du Marathon des mots.



La forêt Presque vert Création Balsamine 2009

Plasticien mort-vivant

" Fin d’un parcours, cerise sur le gâteau (cerise dégorgeant d’une eau de vie assez corsée), l’exposition de Stéphane Arcas se présente de par son titre comme une provocation. Première erreur car chez lui il y a absence de frontière entre son art et sa vie, et si sa position face au monde adopte le registre de la provocation c’est que c’est l’unique réponse qui lui paraisse viable pour parvenir à surnager dans un univers définitivement envisagé comme dichotomique. Ce père à imaginé en observant ses fils, que ceux-ci lorsqu’ils manifestaient les sentiments bien humains de jalousie, d’envie, ou de colère, etc... manifestaient dès lors des tendances appartenant à un bord politique. La droite serait-elle alors, en partant de ce constat, manipulatrice de notions et d’idées infantiles; sûrement pas. En prenant ainsi position Stéphane Arcas s’inscrit au sein du rapport universel du bien et du mal. On pourrait alors trouver l’artiste présomptueux de manipuler ces notions là, mais celles-ci étant son mode d’analyse du monde, c’est avec le plus grand naturel qu’il en use. Dans l’exposition, la matérialisation d’une pièce close où seulement quelques visiteurs pourront accéder pour un bref tête à tête avec l’artiste, rejoint ce ressort d’une relation d’opposition : nous sommes en présence non pas d’un processus d’exclusion sociale comme on en vit au quotidien aujourd’hui, mais simplement d’un choix basé sur le hasard permettant à certains visiteurs d’accéder à un autre espace que celui de l’exposition. Pour les autres, patientant sur la moquette rouge au milieu de la chaleur étouffante de ALaPlage, ils ressentiront l’espace comme une proposition de représentation d’un certain enfer. Les autres, les rares personnes qui y accéderont, penseront être acteur d’un hors temps, un trou noir. Malgré tout pour les uns et les autres dans ce rapport du vécu et du non vécu nous leur donnons une piste vague cette phrase de Lewis Trondheim sur l’enfer qui permet je crois de saisir alors la complexité de l’univers de Stéphane Arcas : L’odeur que l’on sent en enfer ce n’est pas le souffre, et la couleur de l’enfer ce n’est pas le rouge, en enfer il n’y a pas d’odeur, il n’y a pas de torture, il n’y a rien, parce que l’homme s’habitue à tous les excès mais pas à la monotonie, alors là-bas la vraie souffrance c’est d’être tout seul pour toujours dans un gris uniforme. Il est temps ici de stopper net les spéculations sur ce qu’est ou n’est pas la droite, oh pardon, mais plutôt sur les notions plus larges de bien et de mal, induites par la culture et l’éducation de chacun et de s’y reconnaître ou pas.
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Bodycount
Stéphane Arcas propose un ressenti du monde dans une interprétation plastique à la fois agressive et régressive (dans la série de dessins animés ”le règne animal”) mais où parfois il arrive à extraire d’une contrainte une vision des plus poétiques (dans la vidéo “cabines de plage”). En se consacrant au travail présenté on discerne réellement qu’il n’est pas axé sur une proposition à proprement dite politique dans son entendement actuel au sein de l’art où les artistes tout à leurs prétentions face au monde rivalisent de propositions débordant outrageusement de bon sentiments et de “solutions” politiques et sociales. Non, souvent “Le Politique” se retrouve beaucoup plus pleinement au sein d’engagement très proche de ce qu’est véritablement l’artiste, au plus près de lui, de son intime et plus largement de son rapport au monde. En modifiant par des cloisons et en habillant le sol de ALaPlage nous assistons vraiment à la mise en lumière d’un autoportrait abordé par le versant névrosé de l’artiste.
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Supmarzo
C’est pour cela que je choisi pour une fois de continuer ce texte à la première personne. J’ai, certains le savent déjà, des liens étroits avec Stéphane, c’est pour cela que, fait rare à ALaPLage, je lui ai demandé de présenter des travaux relativement anciens et plus précisément une série de dessins aux feutres de couleurs sur papier format A4 réalisés depuis déjà presque 10 ans. Il est remarquable de voir que depuis 4 à 5 années ce type de dessins “réalistes”, voire comme il est parfois avancé “branchés”, ont envahi les galeries et les foires, reste à analyser une autre fois la prolifération de ces oeuvres légères et peu coûteuses. Ces dessins rarement voire jamais montrés ne sont pas comme ils veulent bien le laisser paraître une compilation de “bons mots” cyniques, mais avant tout les projections mentales d’un esprit rapide, réactif et donc profusionnel, une idée à la seconde donc un dessin en quelques minutes. Nous échappons heureusement à certaines de ces idées... celles trop vite apparues ont le bonheur d’aussi vite disparaître. L’univers ici abordé n’est pas tout à fait, malgré le langage “réaliste” du trait, alimenté uniquement par un rapport au “Pop”. Ces dessins sont construits par une culture propre et très variée allant effectivement de Miller en passant par Cassavetes, Janes Addiction ou/et Carl André, un registre aussi vaste, entraîne de par sa diversité la question de choix dans la construction d’une oeuvre. Mais si cette question est à soulever, dans le désir d’expérience artistique chez Stéphane Arcas il ne faut pas imaginer que cette profusion soit là pour masquer une absence de parti pris, au contraire son appréhension du monde en devient dangereusement pertinente de par son acuité à en englober sa diversité. Nous n’avons pas à faire ici à un travail de raccourci ou de pertinence dans l’art du résumé. Stéphane Arcas garde beaucoup de choses à l’état brut, que ce soit dans son champ plastique ou dans le champ du propos, l’un et l’autre évidemment se mouvant de concert. Il n’ y a pas de résignation à laisser ainsi les choses, c’est simplement un besoin de ne pas vouloir avoir tout tout de suite mais choisir une voie lente et difficile avec joie et obstination, malgré l’urgence d’une telle position nous assistons ici au travail de quelqu’un qui a la vie devant lui, non, pas de kleenex à l’horizon. Au final on se fout de savoir si les enfants sont de droite, je pense qu’ici l’enjeu est plus vaste, un enjeu simple, celui d’un artiste, une personne manipulant des données plastiques pour exprimer un propos on ne peut plus personnel.L’exposition de Stéphane Arcas se résume simplement à cela de façon aussi complexe que cela."


Manuel Pomar (à propos de l’exposition «Les enfants sont de droite fondamentalement»)