LE PIF
AUTOUR DE "CE QUI RESTE" de Françoise Berlanger
Pour le "Pauvre et informe Festival", Françoise Berlanger a décidé de re-jouer son spectacle "Le Soleil même pleut mais sans rien". Elle souhaite le re-jouer en "pauvre et informe" - avec ce qui reste. Il ne restera rien, mise à part, l'actrice, mise à nue dans son costume. Rien que ses mots, leurs sens, leurs sons et les gestes qu'elle peut faire avec son corps.
À PROPOS DU SOLEIL MÊME PLEUT
Si les acteurs sont des sculpteurs de neige, alors Françoise Berlanger, artiste jusqu’au bout des fibres, nous offre un palais de glace où le potentiel de vie caresse la mort et l’amour. Elle nous confie l’intimité de la perte, celle de son mari qui, tout jeune, n’a pas remporté son bras de fer contre le cancer. Aux antipodes du témoignage larmoyant et sans aucune référence religieuse, elle s’insurge, la tête haute, contre le manteau d’invisibilité que le deuil a revêtu en Occident. Elle restitue à ceux qui restent la beauté fragile de leur solitude, leur désarroi muet face au manque de rituel, leur déperdition émue devant l’ignominie de l’absence.
Son acte expérimental délie les langues et désencastre les pensées afin de braver avec dignité le tabou qui escamote la mort dans nos sociétés occidentales. Spectacle total, il combine plusieurs disciplines. Univers sonores, art plastique, musique, poème et théâtre traditionnel indien diversifient l’apport artistique de sens complémentaires. Chacun pourra happer dans cette démarche personnelle quelque chose qui lui appartient.